Carlos Gonzalez, un pédiatre espagnol réputé, répond à nos questions sur les bébés et nous explique tout ce qu'il faut savoir pour prendre soin de son enfant de manière naturelle.
L'auteur de « Embrasse moi » présente son dernier livre, « Entre votre pédiatre et vous », une compilation de questions et réponses qui essaye de résoudre les doutes de parents d'aujourd'hui. Carlos Gonzalez a répondu aux questions de Bébés et Mamans.
Bébés et Mamans. À plus d'une occasion, vous avez rassuré les mamans en leur disant qu'elles ne devaient pas avoir peur que, aussi bien la mère que l'enfant, sauraient quoi faire le moment venu. Pensez-vous que les mamans d'aujourd'hui se sentent perdues parce qu'elles considèrent qu'elles ont perdu l'instinct?
Carlos Gonzalez. Certaines mamans ne se sentent pas sûres d'elles. Bien sûr, il en existe aussi beaucoup qui ont confiance en elles et ne nous envoient pas de questions.
Parfois, la désinformation contribue à cette incertitude. Les parents ressentent le désir de réconforter leur bébé qui pleure, de le prendre dans leurs bras, de le mettre dans leur lit quand il pleure la nuit... mais ils lisent des livres dans lesquels les experts disent que « c'est mal » et cela les fait hésiter.
À d'autres occasions, le manque de confiance en soi semble être lié à l'absence de contact. Les bébés d'aujourd'hui passent moins de temps avec leur mère qu'il y a quarante ans. Maintenant, beaucoup commencent à aller à la crèche alors qu'ils n'ont que quelques mois, ils y restent pour manger, arrivent tôt le matin... Ce sont les « heures de veille », le contact prolongé avec leur enfant, qui font que la mère se sent sûre de ses propres décisions, de sa manière de prendre soin de son enfant.
Bébés et Mamans. Vous avez parfois commenté que vous utilisiez l'humour pour dédramatiser la situation face aux mamans. Croyez-vous que les mères donnent trop d'importance à des aspects qui n'en ont pas? Que pensez-vous qu'elles devraient changer?
Carlos Gonzalez. Parfois, les mamans donnent trop d'importance à des choses qui sont loin d'être dramatiques. Bien sûr, il y a des enfants avec des problèmes réels, atteints de maladies graves, de problèmes neurologiques... mais il n'y en a pas beaucoup dans mon livre. Et pourtant, vous voyez des familles entières très préoccupées par le fait que leur enfant ne finisse pas son fruit.
Bébés et Mamans. Dans une interview, vous avez mentionné que le but d'arrêter de faire dormir l'enfant avec ses parents n'est pas de permettre au bébé de dormir, mais de permettre aux parents de dormir. Que voulez-vous dire par cette déclaration?
Carlos Gonzalez. Ce que je veut dire c'est que l'objectif n'est pas que le bébé dorme (il n'a pas besoin de travailler, et s'il ne dort pas suffisamment la nuit, il dormira plus tard), l'objectif est que les parents dorment.
Par exemple, prenons un bébé qui dort dans un berceau à côté du lit de sa mère. Il se réveille, sa mère le prend rapidement sans quitter son propre lit et le met au sein. Le bébé se calme rapidement. Habituellement, la maman s'endort avant le bébé, de sorte que ce dernier reste dans le lit de ses parents. Le lendemain matin, la maman n'est pas capable de dire si son enfant a tété deux ou cinq fois parce qu'elle était à moitié endormie et s'en souvient à peine.
Mais à une autre maman, on aura dit qu'il était interdit de dormir avec son bébé. Elle est alors obligée de faire l'effort de rester éveillée et d'attendre que son bébé s'endorme pour pouvoir le remettre dans son berceau. Et comme les bébés ont besoin de 15 à 20 minutes pour entrer dans la phase de sommeil profond (si vous essayez de le laisser dans son berceau avant, il se met à pleurer) une fois qu'elle arrive à poser son bébé dans le berceau, elle est complètement éveillée et a du mal à se rendormir.
Et on ne parle pas de la maman qui doit se lever parce que le bébé dort dans une autre pièce... Cette maman se souvient parfaitement des 5 fois où son enfant s'est réveillé!
Il est dommage que certaines familles fassent ces sacrifices, et renoncent à ce que les parents dorment correctement dans le but de faire dormir leur bébé. C'est là l'un des principaux messages de mon livre: les parents ont le droit de mettre leur enfant dans leur lit, si cela leur est plus confortable.
Bébés et Mamans. Beaucoup de vos conseils visent à ce que la maman puisse continuer à allaiter son bébé aussi longtemps que possible. Que diriez-vous à toutes ces mamans qui ont opté pour les biberons de lait infantile?
Carlos Gonzalez. Et bien que c'est très bien! Chaque mère prend sa décision en fonction de sa situation personnelle, de ses désirs, de ses connaissances et des circonstances.
Bébés et Mamans. Dans vos livres, vous dites qu'en allaitant, la maman donne beaucoup plus que du lait à son bébé. À quelles « choses » faites-vous allusion?
Carlos Gonzalez. En allaitant son enfant, une mère donne à son enfant du contact physique, de l'affection, du réconfort, de la chaleur, le battement de son cœur et le doux mouvement de sa respiration... Il est bien sûr parfaitement possible de donner tout cela à un bébé sans passer par l'allaitement. Mais ce qui n'est pas possible c'est de donner le sein sans donner tout le reste en même temps. Et nous devons garder à l'esprit que les bébés ne demandent pas le sein que lorsqu'ils ont faim: ils le demandent aussi quand ils ont besoin de chaleur, d'être dans les bras, d'affection, de toucher...
Bébés et Mamans. Vous êtes d'avis que, si un enfant pleure, il y a une raison. C'est parce qu'il se sent mal pour une raison particulière qu'il essaye de le communiquer à sa manière. Quelles limites doivent fixer les parents à la satisfaction des désirs de leur enfant?
Carlos Gonzalez. Les limites du possible, comme ils feraient avec n'importe quelle autre personne. Si un ami me téléphone en pleurant, je ne raccroche pas. Je l'écoute, je cherche à savoir quel est son problème, j'essaye de l'aider autant que possible. Raison de plus si ce n'est pas juste un ami, mais un bébé.
