Dans la société d'aujourd'hui où prime «la poursuite de l'éternelle jeunesse», accepter toutes les étapes de la vie comme des ports nécessaires dans le parcours et l'apprentissage vers soi-même ont plus de valeur, si cela est possible, que le passage par la chirurgie esthétique.
En ayant perdu la connexion avec nos ancêtres et avec l’oubli de l'importance des réunions de famille, sincères et désirées, pour discuter et se passer des leçons de la vie, de père en fils, d’oncles à neveux, des grands-parents aux petits-enfants, le concept de se nourrir de l'enseignement de la famille a perdu son sens et n’est donc plus recherché, laissant la société orpheline parmi ses propres parents.
Les communautés indigènes de différents points du monde entier ont en commun le respect pour leur lignée et pour la possibilité de s’enrichir de la sagesse du groupe. Alors qu’en Europe le nombre croissant de divorces, de mères célibataires et de mères adolescentes, en plus de l'augmentation de la violence et de la délinquance, la dépendance aux drogues, la perte des valeurs, entre autres problèmes de notre société, sont en grande partie le résultat de la désintégration de la communauté et de la perte de la communication comme outil de compréhension dans toutes les familles, laissant de nombreuses personnes dans l’incapacité de mûrir à la chaleur du sein familial.
Dans ces conditions, et selon les exigences d'une société hautement compétitive, de nombreuses personnes ont cessé d’enrichir leur famille avec leur expérience vitale, afin de concourir pour avoir un niveau de vie plus élevé que celui des membres de leur propre famille, dans la recherche si désirée de l'acceptation de soi.
Ainsi, dans de nombreuses occasions, nous nous retrouvons avec la responsabilité de gagner notre vie et de trouver notre place dans la société, sans avoir de références et, en plus, en devant atteindre les plus hauts sommets de la réussite et de la richesse. Dans ce processus de maturité, en Europe, on grandit et on passe d’une étape de la vie à une autre sans avoir conscience de ce que signifie être un enfant, un adolescent, un adulte ou une personne âgée. En général, nous avons tendance à vivre d'une manière linéaire, ignorant ce que chaque étape implique dans de nombreux cas et en refusant d'accepter son apprentissage, surtout quand cet apprentissage a la connotation amère de la vieillesse.
Sans nous en rendre compte, souvent, nous restons ancrés dans une étape et nous ne savons pas avancer et grandir sans douleur ou sans souffrances, nous restons coincés dans les phases de la vie et nous tergiversons sur les rôles familiaux. En recherchant la protection des parents, certains adultes ne se laissent pas mûrir et, malgré leur âge, gardent un comportement infantile, à la recherche, dans de nombreux cas, de la figure paternelle ou maternelle dans leur conjoint. Alors que chez les personnes âgées, il est très fréquent que celles-ci se sentent démunies par la société et qu’elles jettent l'éponge devant une vie dénuée de sens, à cause de la peur de la maladie, de l'abandon et de la mort.
Il est donc essentiel de se responsabiliser de l'éducation et de la croissance des enfants dans les valeurs positives de la vie. Accompagner les adolescents durant cette période qui mène à la maturité et pendant laquelle l’incompréhension fait qu’ils se sentent opprimés. Apprendre à nous écouter avec amour à l'âge adulte, où les responsabilités semblent nous bombarder simplement parce que nous avons un certain âge. Il faut garder à l'esprit que nous confronter à la décision de savoir quoi faire avec le reste de nos vies est souvent la cause majeure des crises existentielles.
Pour donner moins de gravité à cet âge adulte, certains disent, avec un grand sens de l'humour, que lorsque les hommes commencent à porter des chemises roses et que les femmes cherchent à paraître plus jeunes, c’est parce que le rejet de la vieillesse a commencé à faire son effet. Dans une société où l'on est en préretraite à cinquante ans, si, avec un peu de chance, on a pu garder notre emploi, cette phase nécessite également une grande compréhension et acceptation de soi pour maintenir une haute estime de soi. La route vers le troisième âge et ce que nous allons faire dans notre vieillesse, dépend beaucoup de nous-mêmes, vu que l'attitude avec laquelle nous avons vécu nos vies nous accompagnera dans cette phase finale.
Il est évident qu’il est nécessaire de récupérer les valeurs familiales perdues pour maintenir la chaîne d'apprentissage au sein de la famille. L'appel au bon sens pour vivre la vie comme elle est, en respectant les lois de la nature et les phases de la naissance, de la croissance et de la vieillesse est essentiel pour la guérison de cette société perdue qui erre sans but pour s’être déconnectée de la Terre Mère.
