Lutter pour ses rêves est très noble. Nous devons apprendre à vivre plus dans le présent et nous battre pour ce que nous voulons vraiment. Marie Cicuendez, thérapeute et journaliste, nous en parle.
En voyant le film The Physician, tiré du roman de Noah Gordon « Le médecin d’Ispahan », j'ai eu la même sensation que les deux fois où j’ai lu le livre. Je me suis sentie inspirée par la force du protagoniste à aller à la rencontre de son destin, de sa vocation, de Londres à la Perse, traversant des déserts et des cultures, se faisant passer pour un Juif dans un monde arabe. Des personnages d’une telle noblesse et d’une telle détermination sont écrasés par la médiocrité qui nous entoure, mais si nous regardons bien autour de nous, dans notre vie quotidienne, nous découvrirons aussi le savoir-faire et la créativité d’anonymes qui se lèvent chaque jour avec l'intention de donner un sens à leur vie.
La première valeur que nous devrions récupérer serait peut-être de s'arrêter et de prendre conscience du moment présent. Au Moyen-Age on vivait toujours dans un sentiment de limite: les gens savaient que leur vie pouvait basculer d’un instant à l’autre devant une menace d’invasion d’un autre peuple. Aujourd’hui, en revanche, nous sommes très rarement conscients du moment présent. De fait, nous voyageons constamment entre le passé et le futur dans une sorte de ronronnement mental. Les téléphones portables, les ordinateurs et les réseaux sociaux nous ont pris dans leurs filets, mais que se passerait-il si nous les éteignions un peu?
Du personnage épique de Rob Cole, «Le médecin», je garde sa détermination à apprendre à guérir, allant au-delà de l’interdit de l'époque en étudiant l'intérieur du corps humain, et sa force d'avancer, au-delà des limites personnelles, religieuses ou culturelles. De son professeur, Ibn Sina, je retiens la sagesse, son humilité à reconnaître ses erreurs sur le corps humain afin d’être un meilleur médecin et de servir l'humanité.
Des anonymes qui mettent de la beauté, de la créativité et de l'enthousiasme dans leur vie, je reçois la simplicité et le savoir-faire, le visage aimable de gens qui vous invitent à discuter, à partager leurs expériences de vie. À chaque époque, il faudrait apprendre des anciens : comprendre comment ils ont lutté pour atteindre leurs buts dans la vie, comment ils se sont dépassés, comment ils ont acquis peu à peu la sagesse, tombant et, chaque fois, se relevant, apprenant de leurs erreurs pour devenir meilleurs.
