J'ai eu ma première dépression post-partum après la naissance de mon premier enfant et je la vis encore maintenant, après ma seconde grossesse. Je ne ressens pas de bonheur, je n’ai pas envie de parler, tout me dérange.
En plus mon mari pense que je vais me débrouiller et il me laisse tout gérer, et est en colère contre moi. Au lieu de m’apporter de la tranquillité, il me met la pression pour que j’y mette du mien. J’ai essayé mais, en ne voyant pas de résultats, je me sens accablée. Je n’ai pas envie de rester seule avec lui car je ne sais pas quoi dire, vu que maintenant je n’ai pas de sujets de conversation et il n’attire pas mon attention. Je veux qu’il le comprenne, ce n’est pas que je n’ai pas envie de parler avec lui, mais avec le monde entier. Je vois mes amies mais je n’ai rien non plus à leur dire. Je suppose que cela est dû à la dépression.
Je prends 30mg de paroxétine depuis moins d’un mois et j’ai remarqué une amélioration en ce qui concerne les pensées mais pas encore par rapport à l'état d’esprit. Et je veux que cela passe car je pense que mon mariage va mal finir, je n’ai pas envie de l’embrasser et encore moins de relations sexuelles, mais je comprends bien que si je n’ai envie de rien c’est normal, ça me fend le cœur d’imaginer ma vie sans lui à mes côtés et que mes enfants subissent cette situation. Surtout l’aînée qui, à trois ans, vit très mal l’arrivée de son petit frère, l’entrée à la maternelle, maman qui n’est pas dans le meilleur moment de sa vie et en plus une crise conjugale. Ça fait beaucoup pour une si jeune enfant.
Réponse du Spécialiste
Merci beaucoup de nous écrire et de nous raconter avec détails et précisions comment vous vous sentez. Nous comprenons que la dépression post-partum, aussi appelée baby-blues, est l’une des maladies les plus courantes après la naissance, qui affecte une femme sur dix après l’accouchement et elle doit être traitée de manière adéquate par différents spécialistes : un médecin afin qu'il puisse prescrire un traitement médical ponctuel comme celui que vous suivez, et également un spécialiste de la santé mentale comme un psychologue, pour éviter que la maladie ne se prolonge inutilement et dure dans le temps.
Moins d'un mois de traitement par paroxétine, cela semble peu de temps pour espérer des résultats concrets. Il faudrait attendre au moins un mois de plus pour ressentir tous les bienfaits dans l'amélioration de l'humeur et de la pensée et, entre temps, il est important de maintenir des activités ludiques qui améliorent votre bien-être.
Vous trouverez des symptômes normaux dans cette épreuve et dont souffrent aussi d'autres mères qui sont dans la même situation, passant par une grande variété de sentiments: la tristesse, la fatigue, l'irritabilité, l'insomnie, la perte d'appétit, l'incapacité de profiter, le sentiment de débordement et l'anxiété.
Comme vous le dites si bien dans votre message, il y a certains de ces symptômes que vous avez déjà détectés et votre préoccupation à leurs égards commence à se développer. Il y a même des fois où les mères ont peur de se retrouver seules avec toutes ces préoccupations et se sentent si impuissantes qu’elles ne veulent pas rester seules avec le bébé, ce qui provoque des tensions dans le couple.
Pour éviter cela, nous vous encourageons à comprendre votre situation et à la considérer comme passagère, car vous l’avez déjà vécue auparavant et vous pouvez constater que vous en êtes sortie plus forte pour mettre mettre au monde un nouvel enfant et toute l’illusion que cela comporte et, peut-être, désormais vous ne le voyez pas ou ne le ressentez pas si clairement.
La médication vous aidera à aller progressivement mieux et nous vous encourageons à ce que vous appreniez, avec l’aide d’un professionnel, à améliorer votre sensation de bien-être au jour le jour. Vous précipiter à imaginer un avenir terrible ne va pas aider à améliorer votre esprit, votre ici et maintenant que vous avez encore une chance d'améliorer, et cela dépendra de vous. Imaginer et visualiser un futur plus positif vous sera d’une grande aide quand ces craintes font surface (par exemple, imaginez-vous très heureuse avec votre mari un jour dans un parc à observer vos enfants grandir heureux, et respirez profondément, tranquille, sereine et détendue).
Nous avons tous des craintes, et il est important que nous apprenions tous à les gérer. Ce sera une bonne raison d’avancer, car si vous apprenez à réguler votre peur, vous pourrez aider également toute votre famille à apprendre à le faire et vous savez que cela en vaut vraiment la peine. C'est comme si le test que vous passez maintenant aidera le reste de la famille à un autre moment. Votre expérience sert et est importante, donc donnez-vous la valeur que vous avez et profitez de ce moment de grands apprentissages où, sans aucun doute, vous en sortirez plus forte. Alimentez vos points forts, même s’ils sont très réduits actuellement. Vous savez que vous en avez. Nous vous encourageons à le faire pour prendre soin d’abord de vous-même, ensuite en partageant avec les autres.
Vous accepter comme vous êtes a été une étape essentielle et importante, et maintenant nous vous demandons, jour après jour, de vous efforcer d’atteindre votre bonheur. Puis viendra celui des autres: vos enfants, votre mari... mais tout d’abord vous devez prendre soin de votre bonheur pour pouvoir aller de l'avant. Il ne s’agit pas de négliger le reste des personnes de votre vie, mais de créer une sorte de routine avec une liste d'activités que vous faites tous les jours. Bien que cela puisse paraître un grand effort au premier abord, vous verrez que réaliser ces petites tâches sera positif pour que vous vous sentiez mieux. Les tâches peuvent consister en une liste d’activités qui vous plaisent, pour commencer à sentir un plus grand bien-être et commencer à ressentir à nouveau ce plaisir. Vous pouvez débuter par les activités que vous aimez le plus, celles qui vous font vous sentir bien rien qu’en les faisant.
Face à la dépression, il a été prouvé scientifiquement qu'il existe un exercice qui augmente le bien-être: Écrire tous les jours trois choses positives qui se sont produites, par exemple : aujourd'hui, j'ai parlé à une amie, aujourd'hui j’ai fait un câlin à ma fille, aujourd'hui il y avait du soleil, aujourd'hui je me suis promenée et je me suis sentie pleine de vitalité.
Martin Selligman, psychologue et père de la psychologie positive, a détecté avec cet exercice que, au bout de 15 jours, les personnes avec une dépression grave sont passées à une dépression légère ou modérée, et 94% ont déclaré se sentir mieux. Par conséquent, la première étape vers le bonheur consiste à reconnaître notre désir de l’augmenter, ce qui n'est pas une illusion, mais un objectif essentiel que nous avons le droit d’atteindre et pour lequel nous disposons de moyens pour y parvenir.
Sonja Lyubomirsky, dans son livre La science du bonheur, révèle de façon scientifique des méthodes qui permettent d’apprendre à être heureux, chaque fois que nous commençons à adapter les activités à chaque personne. Il suffit de commencer par en choisir une et de s’efforcer quotidiennement à la pratiquer. Nous vous résumons ici une liste pour que vous puissiez choisir:
- Exprimer sa gratitude,
- Cultiver l’optimisme,
- Éviter de trop penser et éviter la comparaison sociale,
- Pratiquer l’amabilité,
- Prendre soin des ses relations,
- Développer des stratégies pour éviter le stress,
- Apprendre à pardonner,
- Faire plus d'activités que vous aimez vraiment,
- Goûter les joies de la vie,
- S'engager à atteindre vos objectifs,
- Pratiquer une religion et de la spiritualité,
- S’occuper de votre corps.
Nous vous encourageons à persévérer et à concéder à votre couple un temps pour être proche et partager vos sentiments, sans juger, simplement pour vous unir plus dans cette construction d’une vie meilleure. Évitons le thème de la négativité quand il y a encore tant de choses positives pour nous éclairer. Au moins une chose chaque jour permettra d'augmenter votre bien-être et celui de toute votre famille.
Le quotidien devra également comporter l'expression de la gratitude pour les qualités si positives que vous avez tous les deux, ce sera la nouvelle étape que vous pourrez commencer à savourer. De plus, votre fille va apprécier ces notes de reconnaissance et cela jusqu’à ce que qu’elle vous surprenne avec une étreinte spontanée. Les enfants sont souvent nos meilleurs professeurs. Ils sont heureux. Ils gardent beaucoup de secrets et il est certain qu’aux côtés de votre fille, vous réapprendrez à nouveau, de la plus petite force que vous avez jusqu’à la plus grande.
